Dialogue – Cheese-Naan http://www.cheese-naan.fr La vie en Inde, à Bangalore - depuis 2012 Sun, 09 Jun 2019 12:18:15 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.5.20 http://www.cheese-naan.fr/wp-content/uploads/2016/06/cropped-cheese-naan-horizontal-2014-150x150.jpg Dialogue – Cheese-Naan http://www.cheese-naan.fr 32 32 Ciel, ma bullet ! http://www.cheese-naan.fr/ciel-ma-bullet/ http://www.cheese-naan.fr/ciel-ma-bullet/#comments Sat, 20 Oct 2012 13:20:51 +0000 http://www.cheese-naan.fr/?p=805 Only in India

Un soir, cette semaine, nous rejoignons des amis pour prendre une bière près de chez nous. Il pleuvait quelques gouttes, on avait donc pris la moto pour aller plus vite et on l’avait garée sur le trottoir (très large à cet endroit) comme environ 30 autres véhicules.
En sortant à 23h30, heure légale de fermeture des bars/restos ici, notre moto avait disparu ! Le vol n’est vraiment pas monnaie courante en Inde donc notre premier sentiment fut presque plus la surprise que la panique. On se renseigne auprès des gardes du bar qui nous disent que ce sont les policiers qui l’ont prise ! Très bien, non seulement, on ne savait pas que le concept de fourrière pouvait exister et ensuite on ne comprenait pas pourquoi ils l’avaient prise et pourquoi que la nôtre !!
Bref, nous voilà partis au poste de police. Direct à l’entrée, notre Bullet ! Nous voilà rassurés, on savait à partir de là qu’on allait la récupérer, la seule question qui restait en suspend « à quel prix ? ».
Deux policiers se tiennent à l’intérieur d’une salle blanchâtre avec pour seule décoration un portrait de Gandhi surmonté de fleurs fânées. Au loin, on aperçoit des cellules (vides). Super ambiance ! Un policier regarde la télé et se moque éperdument de notre problème. Le second ne parle que Kannada, mais on comprend déjà d’arpès ce qu’il nous dit que le souci concernait notre guidon de notre moto non verrouillé. La communication se fait difficile, Nicolas demande quelqu’un qui parle Anglais ou Hindi (mystère, Nicolas se sent de parler Hindi après deux cours, certes efficaces mais plus pour conjuguer l’auxiliaire être que pour négocier avec des flics !!).
On s’assoit donc gentiment en face du monsieur qui remplit des formulaires et un groooos cahier (comme il n’en existe que dans ces administrations qui adooorent les groooos cahiers) en attendant des ‘interprètes-collègues’.
Une vingtaine de minute plus tard, deux autres policiers arrivent. Ils ne parlent aussi que Kannada.

Notre conversation de 5 min s’est limitée à :

– Problem is lock
– Lock is mandatory ?
– Hèèèèènnn Hèèèèènnn
– Hèèèèènnn Hèèèèènnn (dur à reproduire à l’écrit ce long son d’acquiescement utilisé en permanence ici….)
– We didn’t know
– Hèèèèènnn Hèèèèènnn
– Hèèèèènnn Hèèèèènnn
– Ok name
– Ok Hèèèèènnn
– And address
– Hèèèèènnn
– And 200 roupies for fine
– ????
– Hèèèèènnn
– Hèèèèènnn

Et voilà, on a écrit nom + adresse sur une feuille qui allait très certainement finir immédiatement à la poubelle (sinon ils l’auraient écrite sur un cahier), on a donné 200 roupies et on est parti en faisant des sourires et des coucous, heureux de récupérer notre Bullet en 30 min pour 200 roupies (un peu moins de 3 euros…).
Aujourd’hui, après renseignement avec des amis Indiens, on nous confirme que cette règle n’existe pas…
Bref, on a perdu 200 roupies mais bon, si on avait voulu se battre, on y aurait passé quelques heures en plus. Du coup, on se console en se donnant bonne conscience, on se dit qu’on leur a payé leur biryani d’hier soir. Les policiers sont certes complètement corrompus mais aussi complètement sous-payés… Mais on mettra quand même peut être un cadenas la prochaine fois que l’on se garera là-bas !
Only in India

This week, on an evening, we joined some friends to have a beer in our neighborhood. It was lightly raining, so we took the motorcycle to reach it faster and we parked on the pavement (quite large at this place) as 30 other vehicles.
Getting out of the bar at 23h30, legal closing time for all bars and restaurants here, our motorcycle was gone! Thieves aren’t very usual here in India, our first feeling was more a surprise than a panic. After having asked the bar’s security guard, we learnt that the police had been taking it! Not only we didn’t know that the police was impounding cars or motorcycles here but also we didn’t understand why thay had picked only ours!
So here we were going to the nearby Indiranagar police station. Directly in front of the entrance, our Bullet was waiting. At least, we knew at this point that we would get it back, the only question pending was, how much would we have to pay?
Two policemen were seating inside a not so white room with a Gandhi portrait circled by a faded garland as unique decoration. Behind we had a glance at one jail cell (empty). Nice atmosphere! One of the policeman was watching TV and not taking care of us or our problem. The second policeman, behind his desk, was speaking only Kannada, but we quicly understood that the problem was around our handle bar not locked. The communication was difficult obviously and Nicolas asked for someone speaking English or… Hindi (strangely Nicolas was already feeling confident enough to negociate in Hindi after only two first classes where we mostly learnt to count).
So we sat down gently in front of the policeman who was dealing with some forms and a giant notebook (as the ones we see only in those administrations looooving the biiiig notebooks) waiting for his « interpreters-colleagues.
Twenty minutes later, two other policemen arrived. They finally only spoke Kannada as well.

Our 5 minutes discussion was limited to:

– Problem is lock
– Lock is mandatory ?
– Haiiiinnn Haiiiinnn
– Haiiiinnn Haiiiinnn (very difficult to translate but this onomatopoeia is used here to nod to everything ….)
– We didn’t know
– Haiiiinnn Haiiiinnn
– Haiiiinnn Haiiiinnn
– Ok name
– Ok Haiiiinnn
– And address
– Haiiiinnn
– And 200 rps for fine
– ????
– Haiiiinnn
– Haiiiinnn

And finally, we wrote our name + address on a blank sheet of paper which would certainly end up in the trashbin (otherwise it would have been in a notebook of course), we gave the money and we left smiling, nodding, shaking hand and glad to get our Bullet back in 30 minutes and 200 rps (less than 3€…).
Later, after discussions with local friends, we got confirmed that this « locked handle-bar » rule wasn’t existing of course…
So, we lost 200 rps but we if had wanted to fight, we would have spent hours there. We finally consolated ourselves by thinking that we just paid them their meal. Because if policemen are highly corrupted, they’re also really under-paid…
Still, we may put a lock on our Bullet next time we’re parking in this area.

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Un lit en bambou ? http://www.cheese-naan.fr/un-lit-en-bambou/ http://www.cheese-naan.fr/un-lit-en-bambou/#comments Sun, 03 Jun 2012 18:11:35 +0000 http://www.cheese-naan.fr/?p=438 Bamboo bed

– Bon, y en a marre de dormir sur un matelas par terre, on s’achète un lit !
– Ok, mais t’as vu les magasins de mobilier ? C’est quand même pas de très bon goût et c’est pas donné. Faudrait trouver une autre solution.
– Et au Bamboo Bazar, tu crois pas qu’ils peuvent nous faire un lit ?
– Un lit ? je suis pas sûr quand même, ils ont plus l’air de faire des échelles et des échafaudages avec les bambous. J’y crois pas trop.
– Allez, on essaie, on pourra leur montrer ce modèle ! (après une recherche sur Google Images) :

Bamboo bed exemple

Au bambou bazar – 2 jours plus tard avec le visuel ci-dessus entre les mains :
– Bonjour, on voudrait faire un lit en bambou, est-ce que c’est possible ? vous savez faire ça ?
Regard dubitatif des vendeurs.
– Vas-y, montre leur l’image.
– Mmmh, allez voir à la boutique d’à côté.

– Bonjour, vous pouvez faire des lits en bambou ?
Il regarde le visuel attentivement…
– Ok ok, on peut le faire.
– Vous êtes sûrs ?
– Oui, bon, ça ne sera pas aussi parfait, ça sera « jungle look ».
– Ok, ça nous va… Combien de temps ?
– Dans les 2 semaines…
– Ok parfait, par contre, ça ne passera jamais la porte de chez nous !
– Pas de problème, on ne fera que la base ici et on finira de la monter chez vous.

10 jours plus tard, en effet, ils débarquent avec la base du lit et finiront le boulot sur place. On a eu un peu peur quand ils ont sorti le chalumeau, mais après un « c’est bon madame, il y a assez de points noirs ? Vous en voulez plus ? » on a compris que c’était pour la déco…
Ce qui est drôle c’est qu’on avait montré cette photo comme on aurait pu en montrer une autre… mais ils ont respecté tous les détails !
La moustiquaire est maintenant en cours de fabrication chez un autre artisan pour compléter « l’oeuvre » !

lit bambouBamboo bed

– Ok, I’m fed up to sleep on a matress on the floor, let’s buy a real bead!
– Ok, but did you see the furnitures shops? The design isnot that nice and it’s pretty expensive. We have to find out something else.
– Do you think they can make a bed at the bamboo barzar?
– A bamboo bed? I’m not sure, they seem to make almost only ladders and scaffolds with bamboos.
– Come on, let’s try, we’ll show them this picture! (after looking for a model pattern):

Bamboo bed exemple

At the bamboo bazar, two days later with the picture:
– Hi, we would like to make a bamboo bed, is that possible? Do you know how to make it?
Sceptical look from the shop tenders.
– Come on, show them the picture.
– Mmmh, please go to the next shop.

– Hi, can you make bamboo beds?
He’s looking at the picture very carefully…
– Ok ok, we can do it.
– Are you sure?
– Yes, well, it won’t be that perfect, the bed will have a kind of « jungle look ».
– Ok, let’s go for it… How long it will take?
– About two weeks…
– Ok, that’s perfect but the bed won’t go through the door!
– No worries, we’ll make the bottom at our shop and we’ll finish it at your place.

10 days later, they arrived with the bed in spare parts and finished the work in our room. It seems a bit weird to us when they began to use a blowtorch but after a « is that all right Madam, do you want some more black point ? » we understood it was only for the design…
The thing which is funny is that we could have shown them any picture…. but they have made almost exactly the same bed as the one on our example!
The mosquito net is now being made by another man-specialized-in-fabric so that the masterpiece will be completed !

lit bambou

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Dialogue au garage http://www.cheese-naan.fr/dialogue-au-garage/ http://www.cheese-naan.fr/dialogue-au-garage/#comments Mon, 09 Apr 2012 18:15:14 +0000 http://www.cheese-naan.fr/?p=153 Dialogue au garage

Ce w-e j’ai découvert un nouveau quartier à Bangalore : Broadway. Sauf qu’ici les music-halls ont été remplacés par des garages et des mécanos en tous genres. On y croise donc des files de rickshaws en réparation, des Royal Enfields démantelées, des scooters en pièces, des shops d’huile de vidange, des boutiques pleines de pièces détachées jusqu’au plafond etc etc… C’est exactement ce que je cherchais !
Plus ou moins par hasard j’ai atterri dans un « garage » (une pièce sur la rue) justement spécialisé dans les Bajaj Chetak (j’ai acheté un scooter, je vous raconte ça dans un prochaine article) et scooters LML. Ici on ne prend pas de rdv, on se faire servir un chaï et on discute avec tout le monde en attendant que le « boss » ait terminé avec le précédent scooter. Ca donne des échanges assez drôles, dont voici un extrait :

Mec aux cheveux teints à l’henné en roux, « Adji » – « De quel pays est-ce que tu viens ? (LA question qui démarre chaque échange)
Moi – France
A – Tu travailles ici ou t’es étudiant ?
M – Je travaille.
A – Combien est-ce que tu gagnes (question assez gênante qui revient aussi assez souvent)
M – euh… je viens d’arriver, je n’ai pas eu encore un mois de salaire entier, et puis tu sais en France, on ne dit pas trop ce genre de choses.
A – Aaaah, tu n’as pas encore complété un mois ?
M – Non voilà.
A – Moi j’ai travaillé dans plein de pays aussi. Arabie Saoudite, Bahreïn, Jordanie… Pendant 18 ans ! Je suis un formateur de l’armée de l’air. Je travaille pour l’armée Indienne maintenant.
M – Ah d’accord, t’as dû gagner plein d’argent dans ces pays là non (puisqu’ils veulent parler d’argent, allons-y)?
A – Oui, mais j’en envoyais beaucoup à ma famille. Je suis le fils aîné de ma famille donc j’ai aidé à payer pour les études de mes frères et soeurs. Maintenant mon frère est un docteur, je suis content. Moi je ne suis pas propriétaire, je loue mon logement. Mais ça ne fait rien, de toutes façons, je serai récompensé par Dieu. Il n’y a que ça qui compte, les humains, on est rien.
M – aaah, ok…
A – Mais aujourd’hui, les gens changent. Avec la croissance économique, tout le monde devient plus égoïste. Ils ont des bons emplois, donc ils veulent des voitures, des motos, des maisons. Avant, on ne gagnait rien, donc on ne pensait qu’à Dieu. Maintenant, c’est en train de changer et ce n’est pas bon !
M – Et donc Bangalore a changé ?
A – Oui, énormément, depuis que les entreprises étrangères sont arrivées. Les Américains ont amené leur esprit capitaliste. Mais ils ne vont pas durer les Américains. Ils ont trop de problèmes, trop de haine dans leur pays. Ils exploitent les Noirs, ils les détestent.
M – Ah bon ? mais ils ont quand même élu Obama qui est Noir, comment tu peux dire ça ?
A – Non mais ça Obama, c’est un coup monté pour faire croire au monde qu’ils sont sympas et qu’ils ne maltraitent pas les Noirs, mais ce n’est pas vrai…
M – Et qu’est-ce que tu penses des Français ?
A – Les Français c’est différent. Les Français, les Espagnols, des bonnes personnes. En France, vous êtes très forts pour protéger votre travail. Dès qu’il y a un problème, hop, tout le monde dans la rue avec des pancartes, tout ça ! c’est bien ça.
… « 

Ensuite est arrivé le tour de mon scooter.

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