En 2018, on a effleuré notre idéal du doigt et… on n’y croit plus
Il est un peu tard pour faire un bilan de l’année passée et un peu tôt pour faire le bilan de notre vie en Inde (on est encore là et on n’a pas prévu de partir dans un avenir proche). Pourtant, comme ça fait déjà 7 ans que nous sommes en Inde et que ce début d’année est riche en remises en question, l’humeur est au bilan…
Pour commencer, il est important de repartir du début, remettre un peu de contexte. Si nous avons décidé, en 2012, de venir nous installer en Inde, de quitter nos vies de « jeunes cadres dynamiques parisiens » et d’insouciants adultes sans enfants c’était pour trois principales raisons : l’envie d’aventures au quotidien, l’envie de construire une vie pour nous (et notre possible progéniture) multi-culturelle et l’envie de lancer nos propres projets.
Ce qui nous a motivés et inspirés, c’est un tout, un ensemble d’expériences et de rencontres au fil de nos années de « jeune adulte ». Au delà de ça, il y a un article, tout bête, paru sur Rue89 dans la rubrique « Portefeuille » (qui existe d’ailleurs toujours) qui nous a donné un exemple très concret, à suivre. Il s’agissait d’un certain Bernard, entrepreneur en Indonésie qui semblait avoir trouvé un équilibre entre travail/voyage/épanouissement très attirant. Il avait monté des petites entreprises dans le secteur du tourisme sur une île à côté de Bali et passait 6 mois sur place, 3 mois en France et 3 mois à voyager (pour des revenus mensuels de 20 000€ tout de même !). On se voyait bien monter des business, les gérer une partie de l’année et les faire gérer une autre partie pour en profiter pour voyager et passer du temps en France. Alors c’est ce qu’on a essayé de faire !
Arrivés en 2012 en Inde, à Bangalore, on s’est mis au travail. L’un de nous deux (Nicolas) avait un travail dans une agence de publicité internationale, l’idéal pour atterrir en douceur dans un pays tout de même… compliqué. La deuxième, Johanne (qui venait de quitter une autre multinationale en France), en profitait pour créer notre première entreprise. Tant pis pour nos aspirations générationnelles de « retrouver un travail de nos mains », on commence par créer une entreprise d’outsourcing avec Titri en se disant qu’on verrait bien et que l’essentiel est de se lancer. Assez rapidement, on trouve des clients français dans des activités assez variées (de la saisie de données à la création d’applications mobiles par exemple). En parallèle, on ne lâche pas notre aspiration première (et peut-être l’exemple de notre cher « Bernard »), on teste des concepts de restauration pour se lancer sur le marché prometteur indien. On finit donc, avec un ancien stagiaire de Titri, par lancer un concept de food-truck de street-food à la française, le Casse-Croûte, en 2015. Alors tout ça est loin d’être un long fleuve tranquille mais les deux projets vivent et se développent au fur et à mesure. Ainsi, en 2018, même si on était encore loin du portefeuille de notre modèle, Bernard, on a commencé à se rapprocher de son style de vie. Après s’être finalement spécialisé sur la retouche photo, Titri a commencé à tourner correctement avec entre 20 et 30 employés dont un manager français. Quant au Casse-Croûte, tout n’est pas simple mais le modèle commence à faire ses preuves (le food-truck s’est transformé en point de vente à emporter surtout) et nous n’y travaillons pas au quotidien. Ces deux entreprises étaient donc devenues assez indépendantes et ne réclamaient pas notre présence permanente.
Du coup, nous avons pu, en 2018, passer (beaucoup) de temps en France (2 mois et demi) et tenter la formule « voyage + travail à distance » depuis le Japon (où nous sommes restés un mois). Bref, on commençait à se rapprocher de notre « idéal ». Alors, pourquoi ne pas continuer pareil en 2019 ?
Il était temps, mais nous avons eu une soudaine prise de conscience écologique au cours de l’année 2018… Contrairement à Bernard, nous sommes devenus parents en 2016 et notre petit a commencé à avoir des soucis de santé, peut-être liés à la pollution en 2018. Au final, il semble que la pollution ne soit qu’une (petite) partie de l’équation mais nous sommes plus vigilants, concernés depuis. Ensuite, et c’est plus général, il est difficile de ne pas être inquiet et se sentir responsable des changements climatiques actuels. Surtout en Inde où cette pollution est loin d’être invisible. Quel rapport ? Et bien disons que dans notre vie actuelle et dans son idéal décrit ci-dessus, l’avion est central. Rien qu’un aller-retour Bangalore – Paris, c’est environ 1,5 fois ce qu’on devrait rejeter en carbone par personne par an. Alors on fait quoi ? on continue comme si de rien n’était ?
Bref, on a encore du mal à se projeter dans un quotidien de sédentaire qui cultive son lopin de terre et ne prend plus l’avion… mais on n’arrive plus à se voiler la face. Alors on cherche des solutions parce que ce style de vie… on l’aime. Mais comme le dit si bien la désormais fameuse Greta Thunberg, on ne peut plus attendre simplement que le changement vienne des gouvernements… Et on a beau faire les basiques, trier, faire notre compost, manger moins de viande, refuser le plastique etc… on se sent un peu comme le « bobo » de cet ancien mais toujours pertinent sketch de Groland.
En attendant, comme en 2018 on a encore pris des avions sans compter, voilà quelques images, que nous n’avions pas partagées jusqu’à présent, de nos voyages au Japon (Hong-Kong au passage), en Andalousie et à Lisbonne (oui parce qu’en plus même une fois en France, on ne peut s’empêcher de prendre des low-costs pour continuer de voyager en Europe…).