Traffic Karma
Pour notre deuxième histoire « Only in India« , nous avons proposé à un collègue Indien de Nicolas, Venkat, de partager avec vous l’une de ses anecdotes. Venkat nous fait donc l’honneur d’être le premier rédacteur invité sur Cheese-Naan. Il est en plus écrivain pendant son temps libre, donc on est gâté ! Il a écrit son texte en Anglais et nous l’avons donc traduit ci-dessous. Pour ceux qui lisent l’Anglais, on vous encourage vivement à lire le texte original que nous publions aussi sur ce post. A cette occasion, on pense d’ailleurs commencer à rédiger le blog dans les deux langues Français et Anglais, mais on a donc un petit travail de traduction à faire pour les précédents articles, on vous tiendra au courant quand nous serons prêts.
En attendant, on vous laisse apprécier cette histoire « Only in India » :
Le vendredi c’est le jour où embouteillages sont les plus importants. Nous étions trois, en train de rentrer du bureau, prenant notre raccourci habituel quand nous nous apercevons qu’un énorme embouteillage est en train de se former. On décide donc de faire demi-tour pour prendre la route principale mais on se retrouve finalement bloqué à un carrefour. Alors que nous attendions patiemment que le trafic bouge, je vois dans mon rétroviseur un taxi remontant à toute vitesse à contre-sens. Il remontait en espérant pouvoir s’insérer au dernier moment dans un espace qui n’existait pas, et allait donc créer un embouteillage encore plus grand.
Je descends ma vitre et sort ma main ouverte, comme pour lui dire « Mais qu’est-ce que tu fais? ». Je m’attendais juste à ce qu’il m’ignore et continue sa route, à ma plus grande surprise, il s’arrête à la hauteur de ma voiture (toujours du mauvais côté de la route) et commence à me hurler dessus : « Pour qui tu te prends pour me faire des signes comme ça ? De quel droit ? ». Ensuite, il descends de sa voiture et avance avec l’air menaçant vers ma vitre, continuant d’hurler et de m’insulter en Kannada (la langue locale du Karnataka, l’Etat de Bangalore). Je lui répète simplement mes questions en Anglais. Ni l’un ni l’autre ne parlons la même langue. Il remonte finalement dans sa voiture, prononçant quelques injures de séparation au passage et repart à toute vitesse.
Nous déplorions ensuite tous les trois la dégradation du sens civique de notre société et fulminions silencieusement contre le manque de décence humaine des habitants de Bangalore et de ses impossibles embouteillages. Le serpentin des voitures les unes derrière les autres avançait d’un pouce mais le cycle de notre karma lui, ne progressait pas.
Quelques minutes plus tard, le chauffeur de taxi revient vers nous, accompagné cette fois de trois imposants camarades. Ils portaient moustaches, bracelets et colliers d’or et avaient l’air plutôt dangereux. Je pensais que le chauffeur ramenait certains de ses amis et j’avais du mal à croire qu’il aille encore plus loin sur cette dispute. Ils frappent à ma vitre et après quelques instants d’hésitation, je la baisse. Le plus autoritaire du lot demande au chauffeur : « C’est bien cette voiture ? c’est bien ce gars ? ». Ensuite, il se tourne vers moi et me demande : « Qu’est-ce qu’il vous a dit ? est-ce qu’il vous a insulté ? » Nous lui répétons donc les insultes qu’il nous avait lancés quelques minutes plus tôt. Le gars autoritaire se tourne alors vers le chauffeur et commence à lui faire la morale : « Pour qui tu te prends ? Un grand bagarreur ? Cette personne t’indiques ce qui est juste; comment oses-tu lui crier dessus ? » Et les trois costauds repartent avec le chauffeur de taxi qui avait l’air maintenant tout à fait désolé.
Nous étions tous les trois assis et interloqués dans la voiture. Nous n’aurions jamais pensé que le chauffeur serait puni aussi rapidement. Le karma est habituellement un process interminable où il faut jouer de patience. J’imagine qu’avec le trafic de Bangalore, il s’agit plus d’un « Car-ma ».
[vers la version Française]
For our second « Only in India » story, we asked Venkat, Nicolas’ colleague to share with us one of his anecdote. Venkat is a writer by night, so we’re very well treated, as you’ll find out reading his sweet story below.
It’s the first time we’re writing in English on this blog. It was only French before as the first aim of this blog was to share our Bangalore experience with our family and friends from France. But, we’re now thinking of « expanding » by translating all our previous posts in English! We’ll let you know once it’s done. Meanwhile, enjoy this nice piece of Bangaloeran life:
« Friday evening is traffic jam time. Three of us were driving back from the office, taking our usual shortcut, but we realized there was a huge traffic pile up. So, we turned around to go via the main road, but found ourselves stuck at a junction. As we waited patiently for the traffic to move again, I noticed in my rear view mirror a taxi speeding down the wrong way. He would go up ahead and try to squeeze into some non-existent open space, thereby creating a greater jam.
I rolled down my window and stuck my hand out in a questioning gesture, asking “Where are you going?” I expected him to simply ignore me and continue on, but instead, to my surprise, he stopped beside my car (still staying on the wrong side) and began yelling at me. “Who do you think you are to show me your hand? What right do you have?” Then, he got down from his car and advanced menacingly up to my window, still yelling and hurling abuses at me in Kannada. I simply repeated my questions to him in English. Neither of us spoke the other’s language. Then, he got back in his
car with some parting abuses and sped off.
The three of us bemoaned the disintegration of civil society and quietly fumed at the state of human decency and Bangalore traffic. The serpentine queue of cars inched forward. But our karma was yet to complete its circle.
A few minutes later, the taxi driver returned with three burly people. They all had mustaches, wore a lot of gold around their wrists and necks, and looked quite dangerous. I thought the driver had brought some friends of his and I couldn’t believe he was escalating the matter. They tapped on my window and after some hesitancy, I lowered it. The most authoritative of the bunch was asking the driver, “Is this the car? Is this the guy?” Then, he turns to me and says, “What was he telling you? Did he abuse you?” So, we repeated the abuses the driver had given us a few minutes earlier. The authoritative guy then turned to the driver and started scolding him, “Who do you think you are? Some big rowdy? This guy is telling you to do the right thing; how dare you shout at him?” And the three big, burly guys led the taxi driver away, who now looked very sorry indeed.
The three of us sat in our car in stunned silence. We had never expected retribution for the driver to arrive so swiftly. Karma is usually a long-drawn affair where patience is required. I guess with Bangalore traffic, it’s more a case of Car-ma. »
Incredilble INDIA!